Contrairement à la
croyance populaire, un locataire ne peut comme bon lui semble abandonner son
logement, même avec un préavis de trois mois. Le bail est un contrat entre deux
parties, qui comporte des droits et des obligations de part et d'autre; le
locataire a droit au maintien dans les lieux pour toute la durée du bail, il a
également l'obligation d'honorer ses engagement suivant la même durée.
Un avis de trois mois pour résilier le bail n'est valable que dans certaines
circonstances biens définies au Code civil du Québec. En effet, il est
valide dans le cas du décès du locataire, s'il est fait par le liquidateur de
sa succession ou ses héritiers. Si le locataire se voit attribuer un logement à
loyer modique ou s'il ne peut plus occuper son logement en raison d'un
handicap, un tel avis est valide. Dans le cas d'une personne âgée, elle peut
également résilier moyennant un avis de trois mois dans le cas où elle serait
admise dans un centre d'hébergement et de soins de longue durée ou dans un
foyer d'hébergement. Un autre motif valide réside dans la violence d'un
conjoint ou d'un ancien conjoint, ou d'une agression à caractère sexuel, qui
menacerait la sécurité du locataire ou de son enfant.
Les autres cas de résiliation doivent être accordés par le tribunal et
requièrent un motif tel qu'un logement devenu impropre à l'habitation, ou un
retard de plus de trois semaines pour le paiement du loyer. Le déguerpissement
des locataires cause également la résiliation du bail, mais ils ne sont pas
moins responsables du paiement du loyer jusqu'à la relocation.
Il est toutefois possible d'en venir à un consentement entre le propriétaire et
le locataire pour une résiliation de bail. Un avis de trois mois, autre que
dans les cas énumérés plus haut, n'est toutefois pas valide et il faudra y
aller d'une résiliation de bail si vous voulez que tout soit légal et si vous
consentez, évidemment, au départ dudit locataire. Vous pouvez alors convenir
que le locataire continuera de payer son loyer jusqu'à la relocation du
logement et vous devrez par ailleurs agir avec diligence afin de le relouer
dans des délais raisonnables. Autrement, vous pouvez établir entre vous, lors
de la résiliation conventionnelle du bail, une indemnité pour dommages-intérêts
liquidés, qui équivaut globalement à l'assumation du risque que vous prenez,
mais pas nécessairement à trois mois de loyer. Le montant peut être moindre, ou
plus élevé. Cela vous permet de conserver la somme totale, même si vous louez
avant l'écoulement du temps que vous vous étiez donné. Nous conseillons de
garder une copie des factures pour les annonces dans les journaux,
photographies des pancartes, factures d'enquêtes de prélocation.... etc, dans le cas où il y aurait des problèmes et que le dossier se
retrouverait à la Régie du logement. Vous auriez alors des preuves pour fonder une demande d'indemnité de
relocation.
Une fois de plus, n'oubliez pas que si vous relouez le logement avant le terme
de tout avis de trois mois valide, il n'est pas possible, (selon une tendance
bien appliquée par les tribunaux et un projet de loi en processus d'entrée en
vigueur) de percevoir le loyer en double. Les montants obtenus suite à un cas
de résiliation prévu dans la loi servent à couvrir les pertes d'un logement non
loué. De ce fait, il n'est pas possible de demander le montant total
représentant les trois mois de loyer de suite, de peur de ne plus revoir le
locataire. Le paiement demeure mensuel et dès qu'un autre locataire prend
possession des lieux, il faut cesser de percevoir du premier locataire. Ce
n'est pas la même situation lorsque la somme donnée, lors d'une résiliation
conventionnelle est une indemnité pour dommages-intérêts liquidés.
Un avis de trois mois pour quitter son logement, ce n'est pas possible pour tous les locataires!
Publié le par
Association des Propriétaires du Québec
Sujet(s): Juridique,
Source: Messier Soucy Avocats
Note aux lecteurs : Ces articles sont des résumés de décisions rendues dans les affaires citées. Veuillez noter qu'il ne s'agit pas d'une revue de la jurisprudence et que d'autres décisions peuvent être rendues par la suite ou être différentes et changer l'état du droit. C'est également le cas si les faits ne sont pas les mêmes que ceux présentés dans l'affaire mentionnée.

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